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Le droit à l’énergie par Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine

le 19 mars 2019

Le droit à l’énergie par Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine

L’Humanité lundi 18 mars

Voilà vingt ans qu’on parle de précarité énergétique dans les pays européens, et le bilan est terrifiant. Ce sont désormais 15 % des ménages en France qui déclarent souffrir du froid et 30 % qui ont baissé leur chauffage pour faire baisser la facture ! Lorsque le coût de l’énergie grimpe, ce sont d’autres postes de dépenses qui en font les frais, comme l’alimentation ou les loisirs. On parle donc autant de la satisfaction de besoins primaires que de santé et de dignité des classes populaires. Il y a deux raisons majeures qui plongent les populations les plus défavorisées dans cette pauvreté énergétique. La première, c’est le faible niveau des revenus et l’instabilité dans l’emploi. Quand le coup du logement est trop important, l’énergie n’est qu’une option pour beaucoup. Aujourd’hui, c’est la double peine pour ceux et celles qui luttent déjà pour vivre de leur travail, condamnés à vivre chaque hausse de la facture comme un renoncement à bien vivre. Comme si cela ne suffisait pas, les privatisations de nos « géants de l’énergie » se sont soldées, comme prévu, par une hausse des tarifs. La deuxième raison, c’est l’état du logement dans notre pays. De très nombreuses habitations sont inadaptées et énergivores car généralement mal isolées.

Face à cette situation, les dispositifs actuels pour lutter contre cette catastrophe sociale ont changé en 2008 mais restent insuffisants. Les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz (TPN, TSS) sont dérisoires et dépendent du type d’énergie utilisée pour le chauffage. Le gouvernement se réjouit de l’augmentation du chèque énergie (autour de 200 euros), alors que la dépense moyenne annuelle en énergie des ménages est estimée à 1 700 euros (1). Résultat, plus d’un demi-million de personnes ont connu des coupures d’électricité ou de gaz, selon le médiateur de l’énergie. Quant au logement, les efforts de rénovation énergétique ne sont pas à la hauteur de l’ampleur des travaux à faire. Ce ne sont que quelques centaines de milliers de logements qui en bénéficient, ces dernières années, alors même qu’on met durement à contribution le contribuable dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pendant ce temps, les banques peuvent continuer d’investir dans les énergies fossiles sans rendre de comptes !

En finir avec la précarité énergétique commence par une mesure d’urgence, celle de l’interdiction des coupures de gaz et d’électricité pour impayés.

Il faut ensuite remettre à plat les tarifs spéciaux de l’électricité et du gaz pour qu’ils ne consistent pas simplement en une faible réduction de la facture mais qu’ils garantissent l’accès gratuit à un volume d’énergie qui satisfasse au minimum les besoins fondamentaux des foyers. Ce droit minimal à l’énergie peut être financé par la taxation des bénéfices des fournisseurs d’énergie ou l’introduction d’une taxe sur le kérosène.

Lutter contre la précarité énergétique va de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique, cela nécessite un véritable plan de rénovation et d’isolation du parc national du logement pris en charge par la société pour être à la hauteur des ambitions écologiques nécessaires à notre époque.

(1) Site : onpe.org (1) Voir sur le site du ministère pour la Transition écologique.