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Rendre accessible le logement étudiant

Il faut en finir avec le premier des frais d’inscriptions que constitue le logement pour les étudiants, obstacle à la réussite de tous.

Ils sont nombreux les libéraux à nous faire la leçon, à nous, les étudiants de France qui sommes si chanceux de ne pas connaître les sommets abyssaux des frais d’inscription moyens des universités outre-Manche (12 000 € en moyenne) ou outre-Atlantique (16 000 €). Effectivement, si l’on compare stricto sensu ces sommes avec les quelques centaines d’euros qu’implique l’inscription dans une université française, on ne peut que se féliciter de la bien meilleure accessibilité apparente de notre système d’enseignement supérieur. Mais il y a un hic : seuls 7 % des enfants d’ouvriers et 13 % des enfants d’employés y accèdent aujourd’hui, alors même qu’ils représentent la majeure partie de la population. Si l’argument de la reproduction sociale et des barrières sociologiques est tout à fait juste, il existe bien un obstacle financier réel à la démocratisation de l’enseignement supérieur. Parce qu’en France, le premier des frais d’inscription, c’est d’abord le loyer. Celui-ci constitue notre première source de dépense (60 % du budget mensuel d’un étudiant). Par ailleurs, selon l’Observatoire de la vie étudiante, ce sont 60 % de nos camarades d’amphis qui déclarent ne pas pouvoir faire face à leurs dépenses mensuelles et 20 % qui ont des retards réguliers de loyers. Ces difficultés, on les doit aux spéculateurs qui savent bien que nos logements peuvent être une source de revenus. On remerciera au passage BFM Business d’avoir publié il y a quelques mois un article de conseils aux propriétaires dont le titre était évocateur : « Louer une chambre à un étudiant, ça rapporte gros ».

La Première Cause d’échec dans nos études ?

Il faut garder à l’esprit que la situation du logement étudiant représente également un obstacle à la réussite de tous. Pour faire face à leurs dépenses, celle du loyer en tête, les étudiants sont environ 50 % à se salarier pendant la semaine de cours et 73 % à le faire durant l’année civile (prenant en compte les jobs d’été). Sauf que le salariat étudiant constitue la première cause d’échec dans nos études, avec entre autres, un étudiant sur deux qui échoue en première année. Il est donc là le lien de cause à effet : alors que les besoins en formation sont de plus en plus forts dans le pays, que ce soit au niveau de l’enseignement, des nouvelles industries, de l’informatique, pour ne citer que ces domaines, la question du logement étudiant bloque la réussite de toute une partie de la jeunesse, et donc le progrès économique et scientifique du pays.

Quid de La qualité du Logement ?

Au-delà de la cherté du loyer, c’est la qualité du parc étudiant qui pose question. Un étudiant sur trois aurait du mal à se chauffer et un sur cinq fait face à des problèmes d’humidité. Il est donc légitime de s’interroger : comment être apte à se concentrer sur un devoir quand le froid et l’humidité nous empêchent d’être en forme ? Comment se rendre facilement à la bibliothèque universitaire quand le logement le moins cher qu’on ait pu trouver est à plus d’une heure de transport du campus ? Et bien au-delà du parc privé, la question de la qualité est aussi la préoccupation première de beaucoup d’étudiants en cités-U publiques. Combien de cités-U sans accès à Internet ? Combien de coupures d’eau et de courant dans des résidences où les réseaux n’ont pas été rénovés depuis plusieurs dizaines d’années ?

La vétusté des logements CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) ne tombe pas du ciel. Elle est la conséquence de l’inactivité permanente de la puissance publique. Il faut savoir que le parc a essentiellement été construit dans les années 1960. Alors que 60 % des demandes étaient satisfaites à l’époque, ce n’est plus le cas que de 15 % d’entre elles aujourd’hui. Rien d’étonnant quand, en 50 ans, le nombre d’étudiants en France est passé de 200 000 à 2,3 millions et que dans le même temps, le nombre de logements CROUS n’a que très peu augmenté, stagnant à 165 000 chambres aujourd’hui.

2 axes pour révolutionner le système actuel du logement étudiant

• Un statut social pour garantir le droit au logement.

Dans l’optique de la réussite de tous, la bataille du logement étudiant doit être en France une priorité. Déjà en 1947, le Plan Langevin-Wallon l’évoquait avec une actualité tout à fait sidérante : « La gratuité inscrite dans les textes serait un leurre si on la limitait à la suppression des frais d’études sans s’inquiéter des conditions et des moyens de vie des élèves et des étudiants ». Pour permettre cette gratuité réelle, nous proposons la mise en place d’un statut social pour tous les étudiants, incluant un droit au logement. Et ce, pour forcer l’État à renouer avec les politiques de construction et de rénovation, afin de ne pas laisser ce droit caduc. Ce statut social doit ainsi s’accompagner d’un plan d’urgence pour le logement étudiant, ce qui soulagera au passage le pouvoir d’achat de centaines de milliers de parents.

• La nationalisation du logement étudiant

La seconde urgence, c’est de redonner un nouveau souffle aux œuvres universitaires. Ceci, d’abord en nationalisant l’ensemble des résidences privées et en rattachant leur gestion au CROUS. Cela permettra de quadrupler le nombre de logements dépendant du parc public étudiant et d’arracher un pan entier de l’économie des mains du capital. Il s’agit là aussi de renforcer les espaces de décisions des étudiants et des salariés et d’apporter une nouvelle pierre aux fondements d’autogestion démocratique du parc CROUS assurée par les étudiants et les agents. Dans les résidences, dans les campus, nous proposons de révolutionner le système actuel de logement étudiant. Faire de cette question une priorité, c’est supprimer le premier des frais d’inscription qu’est le loyer, c’est mener la bataille de la réussite de tous et du progrès du pays.

 

Mathieu Bauhain  secrétaire national de l'UEC

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le 08 March 2016

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