Section PCF 92000 de Nanterre

C'est avec beaucoup de colère que j'entends parler par-ci par-là de l'arrivée au pouvoir des "indépendantistes" en Corse, sujet que je connais bien.

Alors que la Corse est la région française la plus touchée par les inégalités, la plus touchée par le chômage et la crise économique, alors que des milliers de jeunes sont obligés de quitter l'Ile chaque année parce que l'économie disparaît à petits feux, quelle est la priorité du nouveau Président de l'Assemblée, ce corse "pur sang" issu d'un vote de colère populaire ? Cet homme, né à Saumur Sur Loire d'un père pied-noir et d'une mère espagnole a pour cheval de bataille l'amnestie et la libération de tous les "prisonniers politiques patriotes".

Prisonniers "politiques" ? Nous parlons là d'hommes incarcérés car accusés par la justice de rackets, menaces, meurtres, tricheries, corruption etc. Ces gens ne représentent en rien la volonté du peuple de Corse. Ils ne croient qu'en une seule religion : la loi du fric. Ce n'est qu'une petite bourgeoisie dont certains de ses membres sont en prison parce qu'ils n'ont pas eu peur d'assassiner leur propre peuple, de pratiquer depuis trente ans la politique de "la valise ou du cercueil". Cette bourgeoisie enfreint la loi d'une autre bourgeoisie parce qu'elle n'a pas trouvé de cadre légal pour dicter la sienne.

Vous qui voulez faire libérer les "prisonniers politiques", vous trompez les corses, vous trompez les ptites-gens, vous trompez les personnes âgées dont les villages sont abandonnés, vous trompez cette jeunesse qui doit fuir sur le continent, vous trompez les travailleurs dont les entreprises (SNCM...) sont vendus en pâture aux vautours.

A Ajaccio, Paris ou Bruxelles, le capitalisme est le même et vous en êtes les représentants. Isoler les corses du reste du monde ne règlera en rien les inégalités économiques de l'Ile.

Vous qui trompez les corses, pendant que nos ancêtres résistaient, les vôtres, notaires, avocats, chefs d'entreprises collaboraient avec les fascistes italiens. Les vrais héros du peuple, ce sont les Jean Nicoli, les Danielle Casanova. Ceux-là savaient que les ennemis de la Corse n'étaient pas les français ou les maghrébins mais les financiers, ceux qui spéculent, qui volent les terres. Ceux-là se sont battus pour la Corse. Mais se battre pour la Corse cela voulait dire pour eux se battre aussi pour la France toute entière, pour la solidarité internationale, parce que tout seul on est rien face à la finance mondiale. Une pensée pour mon grand père, ancien maire intègre et honnête de Zoza qui a toujours combattu les nationalistes, une pensée aussi pour mon grand oncle, ancien ouvrier et résistant FTP.

Comme le disait Dominique Bucchini, "la seule voie pour la Corse, c'est la mobilisation populaire. Notre problème n'est pas identitaire mais économique".

Je n'ai pas l'habitude d'évoquer mes sentiments, surtout en politique. Mais là, ma douleur est tellement immense depuis une semaine que je n'ai pu m’empêcher d'évoquer tout ça. Ni oubli ni pardon sur tout ce qu'il s'est passé depuis quarante ans. Fora a mafia. E viva u populu, e viva u cumunismu

Les "indépendantistes" ont été élus avec seulement 23,78% des inscrits. Pas de quoi pavoiser !

Photo de Pierre Bernière